Idéaliste comme le nom de son anthologie qui est sortie en janvier, idéaliste comme la femme engagée qu’elle décide d’assumer pleinement avec son dernier album d’originaux « Alegria ». Cristina Branco est bien plus qu’une chanteuse de fado où l’on a voulu souvent la cantonner. Dans « Alegria » elle met en voix l’histoire de femmes portugaises, on y retrouve Carolina, Alice, Branca Aurora, Deolinda….(écrit par Sergio Godinho, Manuela de Freitas, Pedro da Silva Martins, Jorge Palma, Miguel Farias,Gonçalo M. Tavares…) ou reprend encore Chico Buarque et Joni Mitchell. «Alegria » est un album de mécontentement, un album qui nous rappelle combien un artiste doit pleinement jouer un rôle dans un pays en crise.
Le dernier album d’originaux « Alegria » est basé sur plusieurs personnages féminins, comment sont-ils nés?
Certains étaient gardés en attendant d’avoir la maturité suffisante et pour les autres le moment le demandait. Tout est arrivé si rapidement dans notre pays, cette dégradation de la société… Ces personnages sont nés de là, car ils vivent avec nous, ce sont nos voisins. Ce sont des histoires que l’on connaît mais que l’on renie. « Alegria » parle de nous.
Peut-on dire que c’est un album engagé?
Ce serait audacieux, d’abord car on ne parle plus d’engagement dans la musique portugaise. Sergio Godinho m’a envoyé un message quand il l’a reçu: « C’est un album très beau, mais il a fallut beaucoup de courage pour le faire ». Les gens ne veulent entendre que le coté « rose » des choses. Nous avons des difficultés à regarder dans le miroir. Je ne peux pas le définir comme un album engagé car cela se rapporte à une époque complètement différente, mais pour moi c’est une façon de mettre le doigt sur la blessure. Dans le fado, ça ne se fait pas. Il y a deux choses audacieuses dans l’album : les paroles et jouer avec une guitare portugaise dans un langage distant du fado. C’est un disque original dans divers domaines. Dans le fado tu ne parles pas des mauvaises choses. Même si tu parles de nostalgie, de drame, sans être superficiel c’est toujours entre deux individus, un dialogue. Mais le fado a un langage social, il parle d’une communauté. Cet album a un coté très fadiste parce qu’il parle de la société. « Alegria » est-il un album engagé ? Pour moi il l’est mais on ne peut pas le dire !
Les artistes doivent-ils jouer un rôle en ces temps difficiles au Portugal ?
Bien sur ! Et on n’est pas en train de l’admettre. Nous, artistes, médias, personnes responsables par les mouvements de la société sommes presque obligés de défendre une perfection qui n’existe pas. Si on suit les journaux ou les réseaux sociaux, on a le fado, le football .. et on ne voit qu’un monde parfait. Et tant que le peuple vivra dans cet hypnose que tout va bien, on ne pensera pas au reste. Je trouve ça dramatique, on a tous un rôle social. Ceux qui ont une projection publique ont cette responsabilité. Je suis un être sociale, donc je me sens immédiatement engagée avec ma société. Et c’est dans l’art que ces choses se passent. Le gouvernement actuel dit que la culture est mineure. Non ! c’est dans la culture que tout nait, c’est notre point de départ, notre berceau.
Paradoxalement vous avez décidé d’intituler l’album « Alegria » ("joie" en portugais)…
Le poids des mots est peut-être plus important dans cet album par ce qu’il dit et raconte et veut transmettre. Ici les paroles ne sont pas légères. « Alegria » est un paradoxe, ce n’est pas un disque léger, ça parle de choses sérieuses. Le nom est apparu tout de suite, car je suis très mécontente et je pense que ça se voit ! Je ne vis plus au Portugal depuis Aout, j’ai décidé de partir vivre à Amsterdam. Je ne me sentais plus confortable au Portugal. Il y a une tristesse si grande dans ce pays, dans ces personnes. Je vois l’état de l’éducation, de la culture et moi ayant deux enfants j’avais peu à leur donner dans cet univers. Pour être sincère, je ne vois pas de grande sortie dans l’immédiat pour le pays.
Certains étaient gardés en attendant d’avoir la maturité suffisante et pour les autres le moment le demandait. Tout est arrivé si rapidement dans notre pays, cette dégradation de la société… Ces personnages sont nés de là, car ils vivent avec nous, ce sont nos voisins. Ce sont des histoires que l’on connaît mais que l’on renie. « Alegria » parle de nous.
Peut-on dire que c’est un album engagé?
Ce serait audacieux, d’abord car on ne parle plus d’engagement dans la musique portugaise. Sergio Godinho m’a envoyé un message quand il l’a reçu: « C’est un album très beau, mais il a fallut beaucoup de courage pour le faire ». Les gens ne veulent entendre que le coté « rose » des choses. Nous avons des difficultés à regarder dans le miroir. Je ne peux pas le définir comme un album engagé car cela se rapporte à une époque complètement différente, mais pour moi c’est une façon de mettre le doigt sur la blessure. Dans le fado, ça ne se fait pas. Il y a deux choses audacieuses dans l’album : les paroles et jouer avec une guitare portugaise dans un langage distant du fado. C’est un disque original dans divers domaines. Dans le fado tu ne parles pas des mauvaises choses. Même si tu parles de nostalgie, de drame, sans être superficiel c’est toujours entre deux individus, un dialogue. Mais le fado a un langage social, il parle d’une communauté. Cet album a un coté très fadiste parce qu’il parle de la société. « Alegria » est-il un album engagé ? Pour moi il l’est mais on ne peut pas le dire !
Les artistes doivent-ils jouer un rôle en ces temps difficiles au Portugal ?
Bien sur ! Et on n’est pas en train de l’admettre. Nous, artistes, médias, personnes responsables par les mouvements de la société sommes presque obligés de défendre une perfection qui n’existe pas. Si on suit les journaux ou les réseaux sociaux, on a le fado, le football .. et on ne voit qu’un monde parfait. Et tant que le peuple vivra dans cet hypnose que tout va bien, on ne pensera pas au reste. Je trouve ça dramatique, on a tous un rôle social. Ceux qui ont une projection publique ont cette responsabilité. Je suis un être sociale, donc je me sens immédiatement engagée avec ma société. Et c’est dans l’art que ces choses se passent. Le gouvernement actuel dit que la culture est mineure. Non ! c’est dans la culture que tout nait, c’est notre point de départ, notre berceau.
Paradoxalement vous avez décidé d’intituler l’album « Alegria » ("joie" en portugais)…
Le poids des mots est peut-être plus important dans cet album par ce qu’il dit et raconte et veut transmettre. Ici les paroles ne sont pas légères. « Alegria » est un paradoxe, ce n’est pas un disque léger, ça parle de choses sérieuses. Le nom est apparu tout de suite, car je suis très mécontente et je pense que ça se voit ! Je ne vis plus au Portugal depuis Aout, j’ai décidé de partir vivre à Amsterdam. Je ne me sentais plus confortable au Portugal. Il y a une tristesse si grande dans ce pays, dans ces personnes. Je vois l’état de l’éducation, de la culture et moi ayant deux enfants j’avais peu à leur donner dans cet univers. Pour être sincère, je ne vois pas de grande sortie dans l’immédiat pour le pays.
Et le fado est il de plus en plus loin ?
Dans cet album oui, mais cet album est très particulier. Mais le fado n’est jamais très loin, je pense au contraire qu’il est de plus en plus proche. Pour moi il vit d’une maturité de mon intimité et ma jeunesse ne pas permettait pas de me rapprocher de lui. Mais je l’ai toujours chanté, il peut ne pas être très présent dans mes disques mais mes concerts ont toujours du fado.
Peut-on dire que Cristina Branco est fadiste ?
Non pour une simple raison, je pense que ça peut offenser mes collègues qui chantent du fado. Au début de ma carrière, les gens ont eu besoin de me cataloguer comme tel. Mais je ne chante pas que du fado, je n’arrive pas à vivre uniquement avec l’univers du fado. Je suis née et j’ai grandi dans un circuit international. Je ne suis jamais passée par les Casas de Fado, je ne suis pas de Lisbonne. Je suis née sur scène. Dans mes concerts, je raconte des histoires à travers divers genres musicaux.. Et c’est comme ça que j’ai construit la chanteuse Cristina Branco. Mais paradoxalement je me sens fadiste, de plus en plus. D’ailleurs l’anthologie de 3 CD’s qui va sortir comporte un album uniquement de fados.
Interview réalisée pour le CAPMag(Janvier 2014)
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