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CRITIQUE

António Zambujo, la preuve par cinq


Par FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ
World. Le chanteur de fado défend en tournée «Quinto», album aux influences tropicales.

DR.
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Sur la pochette, le message est immédiat : une main ouverte pour signifier que l’album est le cinquième de la carrière d’António Zambujo. La simplicité du visuel contraste avec la sophistication et la richesse de sa musique. Issu du fado, Zambujo, 37 ans, est également proche de la bossa-nova, du jazz vocal des crooners, de la morna du Cap-Vert ou du folklore de sa région, l’aride Alentejo. Ainsi sur le titre O que é feito dela ? où la voix du soliste est rejointe par un chœur masculin, le Rancho de cantadores de Aldeia Nova São Bento. «L’inclure dans mon disque est un témoignage de gratitude et d’admiration, explique-t-il. Le groupe répétait en face de la maison de ma grand-mère, et quand j’étais enfant, je les ai très souvent entendus.»
Formé au conservatoire régional, António Zambujo se spécialise en clarinette, avant de tâter de la guitare dans une école de jazz. Le chant viendra plus tard. «Deux voix m’ont donné envie de chanter,précise-t-il, cel le de Chet Baker et celle de João Gilberto.» Deux sommets de l’intimisme.
Engagé dans une maison de fado d’Alfama, le quartier de Lisbonne où serait né ce chant lancinant, il est choisi pour une comédie musicale sur la vie d’Amália Rodrigues, où il interprète le premier mari de la chanteuse. Son coup d’essai sera strictement fado, les disques suivants introduiront d’autres influences, en particulier les cadences du Brésil, pays où il est un des rares artistes portugais à avoir su s’imposer.
«J’ai eu beaucoup de chance, dit-il modestement. Caetano Veloso avait fait l’éloge de mon disque Outro Sentido dans sa chronique dominicale du quotidien O Globo, lue par des millions de personnes. Lors de mon premier voyage là-bas, j’ai été reçu dans les talk-shows les plus regardés de la télé. Et pour mon premier concert à Rio, Caetano Veloso, Milton Nascimento et Ney Matogrosso étaient dans la salle !»
Dans Quinto, deux chansons lui ont été offertes par des Brésiliens, Márcio Faraco et Rodrigo Maranhão, auteur de la sublime Maréqui clôt le disque. Lui-même compose plusieurs titres, qu’il chante de sa voix de soie, au charme et à l’élégance inimitables.
ANTÓNIO ZAMBUJO CD : QUINTO (World Village/Harmonia Mundi). En concert demain à Sablé- sur-Sarthe (72), le 8 février à l’Alhambra (75010) dans le cadre du festival Au fil des voix, le 9 à Metz (57), le 6 avril à l’Institut du monde arabe (75005).


Source : Libération, 17 janvier 2013 
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